D’où vient le cidre ? Origine et histoire
D’où vient le cidre et qui ont été les premiers à fabriquer une boisson alcoolisée à base de pommes ? Dans cet article, on épluche pour vous l’histoire du cidre, et on clôt enfin le débat houleux : l’origine du cidre est-elle normande, bretonne… ou aucun des deux ?
Aux origines du cidre
Le berceau de la pomme se trouve en Asie centrale dans la forêt du Tian Shan, à cheval sur le Kazakhstan, la Chine et le Kyrgyzstan. C’est grâce aux ours que le fruit se serait étendu à l’Europe et à l’est de l’Asie, même si les variétés de l’époque étaient éloignées de celles que l’on connaît aujourd’hui.
La première mention d’une recette de boisson alcoolisée à base de pommes remonte à 4000 ans, sur d’anciennes tablettes trouvées par des archéologues dans la région de Sumer (actuel Irak). La pomme se diffuse ensuite à travers l’Europe pendant l’Antiquité, notamment via les marchands Grecs et Phéniciens, et les premiers vergers apparaissent sous l’Empire Romain.
Le jus de raisin étant plus facile à extraire que celui des pommes, le vin est alors la boisson privilégiée, même si on trouve des mentions d’une boisson fabriquée à partir de pommes sauvages dans les régions longeant l’Atlantique en Gaule et en Espagne. Ce breuvage se nomme alors sizra, et deviendra sidra à partir du 15e siècle.
Au Moyen-Âge, les vergers se multiplient, surtout au sein des abbayes. On boit alors le pomatium, un ancêtre du cidre plus aigre et fabriqué à partir de pommes sauvages mélangées à l’eau. À cette époque, la pomme s’échange largement entre les marins bretons, basques, normands et anglais. Si l’origine exacte du cidre reste incertaine, les traces les plus anciennes d’un vin de pomme proche du cidre ont été trouvées dans l’actuel Pays Basque et dans la région de Francfort en Allemagne.
Bretons ou Normands : qui a inventé le cidre ?
Le débat est plus houleux qu’une tempête au large de l’Atlantique ! Alors, l’origine du cidre est-elle bretonne ou normande ? Si on en croit l’histoire : aucun des deux… Le berceau exact du cidre est difficile à déterminer, mais les premières traces d’une boisson similaire en France ont été trouvées au Pays Basque, qui est encore aujourd’hui une terre de cidre !
Des progrès techniques…
Au 13e siècle, les techniques de fabrication de vin se perfectionnent, avec notamment l’invention de la tour à piler, qui évite aux producteurs de cidre d’avoir à broyer les pommes à la main avec un pilon. En 1203, une pénurie de céréales mène à une interdiction de fabrication de la cervoise (l’ancêtre de la bière), et profite au cidre.
Au 16e siècle, le premier traité du cidre, De Vino et Pomaceo, est publié par Julien Le Paulmier. Pendant cette période, le cidre est une boisson largement consommée par le peuple, tandis que le poiré, considéré comme plus fin, est l’apanage de la noblesse.
Les progrès techniques continuent au 17e siècle avec la mise au point de la méthode champenoise pour la prise de mousse : c’est à cette époque que le cidre acquiert ses bulles ! Dans les campagnes, on utilise parfois le cidre comme moyen de paiement des ouvriers agricoles.
… et de nombreux pépins
Au 19e siècle, le développement de vergers est en plein essor outre-Atlantique, mais perd à l’inverse de vitesse en Europe, car la boisson est pointée du doigt par les gouvernements comme responsable de l’alcoolisme. En réalité, cette diabolisation aurait plutôt à voir avec le mode de consommation domestique du cidre, le rendant plus difficilement imposable… Dans les décennies qui suivront, l’industrialisation et l’urbanisme viendront porter un coup dur à la culture de la pomme.
Au cours de ce même siècle, le vignoble européen est ravagé par le mildiou et l’oïdium, venus des États-Unis, ce qui profite aux régions cidricoles. Si en 1870, la production de cidre en France s’élevait à 4 millions d’hectolitres, elle aura grimpé à 14 millions à l’aube du 20e siècle. Mais un tel engouement n’est malheureusement pas sans heurts : le cidre se voit souvent coupé à l’eau, ou remplacé par de piètres imitations telles que la frênette, à base de feuilles de frênes et surnommé le “cidre du pauvre”.
Le 20e siècle est synonyme de crise pour la filière cidricole : avec les Première et la Seconde Guerres Mondiales, les producteurs sont incités à produire de grandes quantités pour la fabrication de la poudre et de carburant. C’est à la fois la qualité et l’image du cidre qui en feront les frais.
Alors que la vin acquiert ses lettres de noblesse avec les premières Appellations d’Origine Contrôlée, le cidre reste sur le banc de touche. Les difficultés se poursuivent pour le marché cidricole après 1945, lorsque les cultures de Normandie (celles n’ayant pas été bombardées…) sont remplacées par des vergers intensifs pour nourrir les populations. Il faudra attendre la fin du 20e siècle pour que le cidre renaisse de ses cendres avec la première AOP en 1996 en Normandie et en Bretagne, garantissant l’authenticité du produit.
Vers une révolution cidricole ?
Aujourd’hui, le cidre connaît un nouveau souffle : les consommateurs curieux et de plus en plus exigeants se tournent vers les cidres artisanaux, qui sortent des grandes cases que l’on connaît (doux, demi-sec, brut) pour proposer des variations plus audacieuses. Hard cider, co-fermentation ou encore cidres millésimés, le terrain est foisonnant pour les producteurs engagés qui ont à cœur de mettre en valeur toute la richesse du cidre. De quoi espérer une révolution craft similaire à ce qu’a pu connaître la bière ? Difficile à dire mais en tout cas c’est certain : l’histoire du cidre est bel et bien encore en train de s’écrire !
Pour aller plus loin :
Livre : Le Journal du Sommelier de Yanna Delière & Virginie Thomas
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